Lundi 20 janvier 2020, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) pour les élèves de première ont débuté dans de nombreux lycées. Lors d’une conférence de presse organisée mercredi 22 janvier 2020 dans ses locaux à Paris, les présidents FCPE de plusieurs départements réunis en visioconférence ont pu dresser un premier bilan des conditions de passation des épreuves et ont dénoncé une rupture d’égalité entre élèves. En Conseil supérieur de l’éducation, jeudi 23 janvier, la FCPE a exigé du ministre des réponses urgentes.
« Il y a un conflit ouvert mortifère entre les professeurs du second degré et leur ministre de tutelle. Sauf que les dommages collatéraux de ce manque de dialogue, ce sont nos enfants ! »
C’est de cette façon que les coprésidents de la FCPE, Rodrigo Arenas et Carla Dugault, ont ouvert la conférence de presse organisée en urgence mercredi 22 janvier 2020, trois jours après le début des épreuves communes de contrôle continu (E3C) pour les élèves de première. Alors que la FCPE a lancé plusieurs alertes depuis le mois de décembre sur l’impréparation de la réforme des lycées et la nécessité de faire une pause, tout a continué et ses propositions n’ont pas été entendues.
Résultat : de nombreux dysfonctionnements sont constatés ici et là dans de nombreux établissements scolaires, comme l’ont indiqué les présidents FCPE de plusieurs départements réunis en visioconférence :
- Salles d’examen non surveillées en Seine-Maritime
- Report des épreuves pour des élèves dans certains établissements afin de leur laisser un temps de préparation mais pas dans les autres dans les Yvelines
- Des chefs d’établissement indiquant les chapitres à réviser en Seine-Saint-Denis
- Des menaces de sanction dans la notation dans les Pyrénées-Orientales
- Des prises de photos des fauteurs de trouble à Paris…
Les exemples sont nombreux. Et les parents plus qu’inquiets sur les conditions de passation de ces examens, qui doivent compter dans l’obtention du baccalauréat 2021 !
La tension est bien palpable. Comme l’a confirmé le questionnaire lancé par la FCPE début janvier pour appréhender le niveau de compréhension et d’information des parents d’élèves sur les réformes en cours. Les premiers résultats – environ 5 000 répondants – montrent que les parents sont perdus. 70 % d’entre eux s’estiment mal informés sur les réformes. Le même pourcentage d’entre eux indiquent « ne pas savoir » ou « n’avoir aucune idée » de la façon dont s’organisent les E3C. 67% ne connaissent pas les 54 heures dédiées à l’aide à l’orientation et près de 60 % se repèrent difficilement dans les spécialités. Néanmoins, les enjeux de la réforme semblent assimilés, puisque les 5 sujets de préoccupation majeurs sont l’orientation, le choix des spécialités, les E3C, ParcourSup et les nouveaux programmes.
Bref, les difficultés n’ont pas été anticipées, et ce sont les élèves en premier lieu qui en pâtissent et qui y jouent leur diplôme national du baccalauréat. Alors même qu’il n’y avait nul besoin de créer une telle usine à gaz pour évaluer leur travail sur l’année.
Alors, est-ce une solution pertinente pour évaluer la progression des élèves ? 18 mois de scolarité, trois sessions sur plusieurs matières, sans ôter le contrôle continu, les épreuves anticipées et les épreuves terminales. Les élèves sont ainsi continuellement sous pression d’examen : en lieu et place d’apprendre, d’analyser leurs erreurs pour progresser avec les équipes éducatives, ils bachotent.
Pour la FCPE, nous sommes bien loin d’un climat serein de travail pour les élèves, de moins d’examen et de moins de stress.
Enfin, il ne faut pas oublier la génération bac 2020, c’est-à-dire les élèves qui sont en terminale cette année. ParcourSup a ouvert hier et ils passeront leurs épreuves en juin. Aujourd’hui, ils souffrent des répercussions indirectes de la réforme et des E3C, les bacs blancs sont reportés. Oui, ils sont angoissés, car ils savent être la dernière génération d’un système. Que deviendront celles et ceux qui possiblement échoueront au baccalauréat ? La FCPE attend des réponses urgentes du ministère de l’Éducation nationale, et bien avant le mois de juin.